Créer sa marque : Paula Hochberg 

Pour souligner l’apport de celles qui innovent quotidiennement et qui n’hésitent pas à enfreindre les règles, cet article fait partie de notre série de portraits sur nos leaders créatives.

 Paula Hochberg est une femme aux multiples talents. Cette rédactrice créative de calibre mondial est aussi musicienne, publiciste et scénariste maintes fois primée, notamment d’un Lion d’or. Mais derrière l’impressionnante liste de ses réalisations se cache une femme chaleureuse et mystérieuse, animée d’une énergie formidable et qui parle du monde et de son travail avec beaucoup d’humilité. Voici son histoire.

Paula a passé son enfance entre l’Argentine et l’Espagne. Lorsqu’on lui demande si elle était une enfant créative, elle rigole : « Eh bien, je n’avais aucun talent physique ni sportif. Contrairement à la plupart des gens qui s’inscrivent à un sport ou un autre, moi, je choisissais d’autres cours. J’ai choisi la musique. Et le théâtre. Puis la littérature. J’inventais tout le temps des histoires et des personnages. J’aimais créer mes propres univers. » Elle a fini par abandonner le théâtre, mais la musique occupe toujours une place importante dans sa vie. C’est grâce à ses cours de littérature qu’elle a acquis son talent de rédactrice.

Au début de la vingtaine, Paula a étudié dans une école irlandaise en Espagne, puis une école en Belgique. Sa carrière l’a menée par la suite à Buenos Aires, à Londres et à Paris. Son plurilinguisme explique son accent si particulier, mi-irlandais, mi-espagnol, qui imprime une jolie mélodie à ses mots.

Paula aime se promener. « Je ne tiens pas en place. J’ai beaucoup voyagé et vécu à différents endroits. J’ai le sentiment que ça m’a naturellement ouvert des portes. » Elle a finalement élu domicile à Londres. « Lorsque j’ai emménagé [ici], je me suis tout de suite demandé pourquoi je n’avais pas vécu ici toute ma vie! Je pense que je devais aller voir ailleurs pour me rendre compte que c’est ici que je veux vivre. »

Sa tendance à la bougeotte trouve un écho dans ses rituels créatifs. Quand vient la panne d’inspiration, elle va ailleurs, dans un café, un musée, n’importe où, pour donner un coup de fouet à ses neurones. Durant le confinement, elle a dû se contenter d’errer dans les rues étroites et brumeuses de Londres pendant des heures, comme une flâneuse d’agence de publicité.

Parmi les nombreuses campagnes auxquelles elle a collaboré, toujours avec une immense joie, son récent travail avec SKYN occupe une place particulière dans son cœur. L’équipe dirigée par des femmes a consacré les deux dernières années au changement de ton de la marque, pour lui donner un souffle d’insolence, de l’audace et un brin d’humour. 

Après avoir gagné, petit à petit, la confiance de leur client, elles ont lancé une campagne osée : Stay and f*** at home. Le principal message publicitaire était une version érotique de « Tête, épaules, genoux, orteils », mettant la communauté LGBTQI+ sous le feu des projecteurs devant le grand public. S’en est suivi une diffusion en continu SKYN sur Twitch, qui expliquait aux jeunes comment atteindre l’orgasme avec un partenaire.

« Pourquoi entoure-t-on le sexe d’une aura mystérieuse et ténébreuse, se demande-t-elle, alors que c’est une expérience ouverte, excitante et libératrice? »

Lorsqu’on lui a demandé les conseils qu’elle donnerait aux femmes dans ce secteur, Paula s’est illuminée. « N’essayez pas d’imiter les hommes. Ne vous laissez pas intimider par leurs voix, et ne croyez pas devoir adopter la même. Trouvez votre propre voix, et une fois que c’est fait, parlez très fort. Il est important aussi de bâtir des communautés de femmes. Allez vers des réalisatrices, des illustratrices, des coloristes. Enfin, ne vous laissez pas intimider si aucun des postes au-dessus du vôtre n’est occupé par une femme. Vous êtes à votre place. »

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