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Créer sa marque: Franziska Erlebach

Hero Image Franziska Erlebach

Pour souligner l’apport de celles qui innovent quotidiennement et qui n’hésitent pas à enfreindre les règles, voici le premier article d'une série de portraits sur nos leaders créatives.

Ouvrez un dictionnaire pour y consulter la définition du mot « élégance » et vous y trouverez une photo de Franziska Erlebach. Son calme légendaire se conjugue à de brefs moments de fébrilité que l’on peut lire dans son regard. Si c’est sa prévenance qui l’a menée sur la voie de la direction artistique, c’est son approche à la fois créative et stratégique qui lui a permis de créer sa marque chez Sid Lee. 

Franziska a grandi en Allemagne. À la base, elle ne s’intéresse pas particulièrement au design. Ce qu’elle veut, c’est devenir vétérinaire. Impossible toutefois pour elle d’échapper à l’art, qui est omniprésent dans sa famille. Maman est une architecte d’intérieur qui enseigne la poterie dans une université proche, alors que Grand-papa est un psychiatre passionné de dessin. C’est pendant un salon de l’emploi que la jeune femme apprend l’existence des écoles de design. Elle se dit alors : « et pourquoi pas? » 

Franziska débute sa carrière de conceptrice à Berlin, où elle travaille pour des clients anglophones. Elle comprend rapidement que ses 10 années de cours d’anglais à l’école ne lui suffiraient pas pour rester dans la course. Elle décide alors de partir à l’étranger. « Personne ne parlait du Canada, et c’est un pays qui m’intriguait, explique-t-elle. J’ai donc décidé de faire mes valises pour Toronto, et je suis tombée sous le charme de la ville et de sa culture. » Franziska fait ensuite des études de premier cycle à Berlin avant de retourner à Toronto, où elle fait une maîtrise à l’Université York, après quoi elle va enseigner à la prestigieuse Université OCAD (Ontario College of Art and Design University). 

Elle qualifie la formation de design qu’elle a reçue en Europe de « rigide et fractionnée », et compte sur sa maîtrise à Toronto pour étendre ses horizons artistiques. À son arrivée au Canada, elle décide de faire table rase et commence à explorer les liens entre le print, le numérique et le travail manuel. Et c’est cette approche, à la croisée entre pragmatisme et jeu, qui fait sa renommée chez Sid Lee.  

Franziska possède à la fois un esprit créatif et stratégique. Quand on lui demande si cela crée parfois des frictions, elle éclate de rire en affirmant qu’elle n’a pas de problème à conjuguer les deux. Cette technique est la base de son mémoire de maîtrise, qui aborde l’état de jeu comme un processus créatif qui s’appuie sur une approche souple. Tout ça, dans l’objectif de laisser le champ libre à l’expérimentation, à la réflexion et à la créativité. « Il s’agit de fixer des règles qui donnent la liberté d’explorer en profondeur plutôt que de rester en surface. Quand on met la pression sur les créatifs, leur cerveau recrée machinalement des concepts familiers au lieu d’explorer de nouvelles avenues et d’innover. »
Grâce à ses capacités de création stratégique, Franziska se voit confier des projets culturels et communautaires. « La plupart du temps, ces mandats comprennent une phase de recherche très intense pendant laquelle on doit interroger beaucoup de monde. C’est alors important de bien observer et écouter pour comprendre parfaitement chaque intervenant et créer quelque chose non seulement d’inattendu, mais aussi qui parle réellement aux gens. » 

Estimant qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre, Franziska sait que le design est un domaine qui lui réserve encore bien des surprises; que ce soit au niveau des processus, des intervenants, des perspectives ou encore des problèmes à résoudre. Chaque projet est très différent, et c’est ce qui pique sa curiosité.
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