La crypto écolo

On a tendance à penser que les nouvelles technologies se font de plus en plus vertes. Ce n’est pourtant pas le cas de la cryptomonnaie. Ses effets néfastes sur l’environnement sont tels qu’ils dissuadent son adoption généralisée. À titre d’exemple, le minage de Bitcoin dépense plus d’énergie à l’échelle mondiale que l’intégralité de l’Argentine, du Pakistan et des Pays-Bas. Pour compenser son empreinte carbone, il faudrait planter plus de 300 millions d’arbres.

Comme le dit le directeur de la stratégie de Sid Lee, Nirm Shanbhag : « L'ironie de la crypto à ce jour est que, bien qu'elle soit considérée comme une bonne option pour l’avenir de l’argent, elle ne parvient tout simplement pas à s’aligner sur les enjeux environnementaux des décennies à venir. »

Reste que la crypto possède des avantages considérables pour les marques, comme l’amélioration de la confidentialité des données, la démocratisation de l’accessibilité à la monnaie, une meilleure inclusion financière et la décentralisation de la monnaie. La clé du succès? Adopter des pratiques plus écolos. Heureusement, c’est sur le bilan pour juin 2022.

Pourquoi la crypto consomme-t-elle autant d’énergie?

Aujourd’hui, la plupart des cryptomonnaies sont extraites via un système de validation par proof of work (preuve de travail) servant à prévenir la fraude et à garantir la confidentialité. Des programmes sont conçus afin de résoudre des énigmes complexes en vue d’émettre virtuellement une pièce. Celui qui y arrive en premier remporte le contrat et crée la pièce. On a donc intérêt à ce que les unités centrales de traitement disposent d’une puissance maximale pour pouvoir exécuter plusieurs programmes simultanément. Qui dit puissance de traitement maximale dit consommation d’électricité élevée.

On ne vous apprend rien : l’électricité est produite à partir de combustibles fossiles, soit une des premières causes des changement climatique. Cela dit, au Québec, l’hydroélectricité représente 97 % de toute l’énergie consommée sur son territoire, générant d'infimes émission de gaz à effet de serre (voire nulles).

Mais il y a aussi le problème des déchets toxiques. L’extraction de cryptomonnaie évolue constamment, ce qui entraîne la production d’équipement informatique spécialisé (les puces ASIC). Cet équipement devient rapidement désuet ou se détériore à cause d’une utilisation excessive. L’ampleur de ces déchets toxiques frôlera bientôt les 64 400 tonnes métriques, selon les experts.

À titre comparatif, ça équivaut à 9 700 éléphants.

Une solution sous pression

Pour contrer ce dilemme, des entreprises comme Moss et Aerial ont commencé à proposer une compensation carbone pour l’extraction de cryptomonnaie. C’est un pas dans la bonne direction. Rien ne vaut toutefois la refonte complète du système de crypto, prévue pour cet été.

Ethereum (la cryptomonnaie la plus importante après Bitcoin) passerait à un minage par proof of stake (preuve d’enjeu) aux côtés de Cardano, Tezos, Atmos et d’autres cryptos récentes au mois de juin.

Le fondateur d’Ethereum, Vitalik Buterin, affirme que cela permettrait de réduire jusqu’à 99,95 % de la consommation d’énergie. Car contrairement à l’extraction par preuve de travail, le minage par preuve d’enjeu valide la chaîne de blocs en vérifiant les transactions conformément aux parts détenues dans Ether.

Bien que les détails varient en fonction du projet, les chaînes de blocs par preuve d’enjeu utilisent un réseau de validateurs.trices offrant leur propre crypto en échange d’une chance de valider de nouvelles transactions, de mettre à jour la chaîne de blocs et de gagner une récompense. Le.la gagnant.e est déterminé.e par la quantité de crypto mise en jeu et par la durée de cette mise en jeu. Ainsi, les participant.e.s les plus investi.e.s sont récompensé.e.s.

Le minage par preuve d’enjeu sera donc moins friand en électricité.

Il s’agit donc une solution sous pression, qui a d’ailleurs été repoussée à plusieurs reprises depuis son annonce initiale. Les cryptomonnaies déjà extraites par preuve d’enjeu, comme Tezos et Cardano, sont favorisées par de grandes sociétés telles que Red Bull et Honda.

« Advenant qu’une option durable existe, les organisations ayant des politiques environnementales progressistes voudront certainement s’en prévaloir, confirme Yanick Bédard, Vice-président de la stratégie numérique chez Sid Lee. L’année 2022 sera décisive. »