Le cœur à la cause – permaculture et durabilité
L’écoanxiété est devenue chose courante. On jette un coup d’œil aux nouvelles et on se pose tous les mêmes questions. Et maintenant? Qu’est-ce que je peux faire de mon côté?
Pour Jonas Land, concepteur principal de production à Seattle, la réponse est simple : « Faites pousser un jardin bio! »
Un jardin qui ne s’est pas bâti en criant lapin
Jonas a grandi à Cape Cod, au Massachusetts, dans la maison de ses parents. Une maison bordée par un délicieux jardin hors de l’ordinaire. Dans la cour, sa mère enlève toute la pelouse pour y planter des fines herbes, des légumes et un peu de tout ce qui lui passe par la tête. « Je croyais avoir des lapins, mais ils n’étaient même pas à nous. On les avait seulement mis là pour fertiliser le potager », se souvient Jonas.
Plus tard, la famille déménage dans un petit appartement de Boston. Qu’à cela ne tienne! La mère de Jonas aménage l’allée adjacente, pleine d’ordures, pour en faire un jardin. En grandissant, Jonas apprend ainsi à composer avec son environnement. C’est ce qui l’amène à faire pousser des tomates avec sa fiancée sur leur petit balcon new-yorkais, puis à bichonner un jardin sans pesticides à Seattle.
Un havre de paix
Jonas insiste toutefois sur le fait que ce jardin n’a rien à voir avec son éducation : « Il y avait du gazon, comme dans tous les jardins. Un jour où je le tondais, j’ai réalisé que j’en profiterais plus en le remplaçant par un jardin de fines herbes qui serviraient à aromatiser mes plats. Puis, à l’automne, j’ai remarqué que les oiseaux étaient attirés par les graines de fenouil qui tombaient par terre. »
Alors que son quartier se densifie et que les cours avoisinantes se couvrent de béton, Jonas se rend compte qu’il a créé une oasis pour les oiseaux. C’est là que tout s’emboîte : sa famille et lui se sont (involontairement) réinventés en défenseurs de l’environnement. Aspirant à vivre en harmonie avec leur petit écosystème, iIs commencent à semer des plantes appréciées des oiseaux migrateurs ainsi que des espèces indigènes pour les insectes.
Jonas a été bien surpris de voir que des tramètes versicolores (des champignons antioxydants!) poussaient sur sa clôture biodégradable.
Une véritable jungle urbaine
Citadins, sachez qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un immense terrain pour vivre en harmonie avec votre environnement. Un simple balcon suffit largement! Jonas nous a partagé ses conseils élémentaires pour créer un espace vert dans un milieu urbain exigu :
1. Pour exploiter l’espace le plus possible, choisissez des cultures qui poussent verticalement, et non horizontalement. Tomates, laitues, herbes aromatiques, chou frisé, fraises… tout est bon!
2. L’automne est un peu plus frais que d’habitude? Pas d’stress. Recouvrez vos légumes verts d’une bouteille de plastique coupée en deux, qui fera office de mini-serre et protégera vos précieuses pousses quand les températures commenceront à baisser. Vous pouvez aussi très bien utiliser une bâche en plastique ou un sac poubelle.
3. Évitez les pesticides. Il y a mille et une façons naturelles d’écarter les nuisibles, suffit d’être créatif (et de faire une petite recherche Google). Vous avez des limaces? Faites cuire des coquilles d’œuf au four puis dispersez-les autour de vos plantes. C’est un truc infaillible, parole de scout!
Le calme dans la tempête
Le fils de Jonas a aujourd’hui 21 ans et étudie en agriculture. Sans surprise, il est écoanxieux, lui aussi. Voici ce que son père en pense :
« Imprégnez-vous de la nature qui vous entoure. Pas besoin de vous prélasser au jardin botanique ou en forêt. Les endroits les plus inattendus peuvent faire l’affaire, comme une fissure dans le sol qui laisse passer une petite pousse. »
« Ce sont d’énormes enjeux qui appellent des mesures systémiques à l’échelle mondiale. Sur le plan individuel, chacun est maître de sa relation avec son environnement direct. C’est donc un excellent point de départ. Il ne tient qu’à vous d’observer comment la nature fonctionne pour trouver de petites choses qui vous rendent heureux. C’est en restant calme qu’on a plus de chances de trouver des solutions innovantes à des problèmes complexes. »