Quand on travaille en publicité, on est habitué aux hauts et aux bas du travail en équipe. Mais travailler avec un membre de sa famille sans s’arracher la tête… c’est un autre niveau auquel on voulait accéder. Voici les judicieux conseils et quelques confidences attendrissantes de nos deux frères préférés chez Sid Lee.
Qu’est-ce qui vous a mené tous les deux en publicité?
Jason : J’ai toujours aimé gribouiller.
Brad : Il a commencé à faire des dessins à l’âge de 3 ans.
Jason : Exact, puis cette passion s’est transformée lentement en intérêt pour le graphisme et le design en général. Brad et des étudiants de son université sont venus faire une présentation à mon école secondaire. Quand ils ont vu ce que je faisais, ils m’ont dit que je devrais aller en publicité. Ça m’a poussé vers la direction artistique et où j’ai eu le déclic. Mais tout a commencé avec une passion pour l’art.
Brad : Quand j’étais jeune, j’étais vraiment fort en math et je pensais devenir ingénieur. Au secondaire, j’ai eu un accident qui m’a causé une commotion cérébrale si intense que j’ai perdu l’usage de la parole. Je suis resté en piteux état pendant six mois, j’ai dû tout réapprendre et j’ai complètement perdu mes habiletés pour les mathématiques. Mon cerveau était tellement en bouillie que je pensais finir par réparer des voitures. Mais quand j’ai découvert la publicité, il y a quelque chose dans mon cerveau qui s’est allumé. Ça a complètement changé le cours de ma vie.
Comment c’est de faire des campagnes avec son frère? Est-ce qu’il y a de vieilles rancœurs qui refont surface?
Jason : Maintenant que tu le demandes, quand j’avais cinq ans, il m’a poussé dans un cactus.
Brad : Je dirais plutôt que j’ai fait un mouvement de judo qui l’a fait atterrir dans un cactus.
Jason : On a une bonne relation professionnelle parce qu’on comprend les limites entre le travail et la famille. En plus, on a fait nos preuves séparément avant de travailler ensemble. C’est un domaine où il faut être capable de prendre la critique et Brad m’a préparé à ça en critiquant chaque aspect de ma vie.
Brad : C’est vrai. Je l’ai toujours critiqué, mais de manière constructive! On est capable de se dire les vraies choses de la façon la plus directe parce qu’on est frères. S’il pense que mon idée n’est pas bonne, il a probablement raison. Ça va plus vite quand on n’a pas besoin de mettre des gants blancs.
Quand vous étiez jeunes, avez-vous fait des projets ensemble?
Brad : Non, sauf le travail forcé que nos parents nous faisaient faire.
Quel est votre meilleur souvenir chez Sid Lee?
Jason : Ça doit rester entre nous; c’est la fois où j’ai eu raison et où Brad a eu tort.
Vous travaillez dans deux villes différentes. Quels sont vos conseils pour produire continuellement un travail de haute qualité à distance?
Brad : Selon moi, l’aspect le plus important d’une campagne, qu’on soit sur Zoom ou en personne, c’est l’honnêteté et l’authenticité. Et un lien fort avec le produitou du moins une compréhension approfondie de celui-ci.
Jason : J’ajouterais qu’il faut aussi une excellente compréhension de l’objectif. Les équipes qui produisent le meilleur travail sont les équipes qui ont une vision commune, qui ont une grande confiance en leurs coéquipiers ainsi qu’avec le client et qui respectent la vie personnelle. Si tous ces éléments sont rassemblés, ça ne change rien qu’on soit ensemble ou séparés.
Comment décririez-vous votre façon de travailler?
Brad : On est très semblables, c’est-à-dire qu’on est tous les deux des control freaks. C’est à la fois un avantage et un inconvénient parce qu’on essaie de contrôler l’autre. Par exemple, si Jason est en train de monter une présentation pour un client, je veux être impliqué et vice-versa. On met la main à la pâte à chaque étape.
Jason : Il faut préciser qu’on est obsédés par chaque détail parce qu’on veut produire le meilleur travail possible. On est passionné par tout ce qu’on fait et c’est aussi pour ça qu’on a beaucoup de respect l’un pour l’autre.
Brad : Encore une fois, on sait que c’est pas personnel. C’est pour améliorer le produit. Ça ne me dérange pas de manger de la schnoutte si j’ai tort. Je vais avouer que son idée est meilleure et on va continuer à avancer.
Les frères Getty sont en route vers les États-Unis et pendant un instant, tout ce que j’entends c’est : « Wendy’s. Wendy’s. Wendy’s. Tooooooourne. »
Jason : Tu peux exclure ça de l’entrevue.
C’est hors de question. Quels sont vos conseils pour résoudre les conflits?
Brad : Les gens ont tendance à prendre le travail de manière personnelle. Il faut faire complètement abstraction de son égo.
Vous gardez des séparations distinctes entre votre vie professionnelle et votre vie personnelle. Pensez-vous que ça vous a rapproché de travailler ensemble?
Brad : C’est sûr! On se parle deux ou trois fois par jour pendant une heure. Ça ne nous a pas éloignés et ça n’a pas envenimé notre relation. Ce sont les petites choses qui comptent. Quand Jason est en ville pour le travail, il peut passer nous voir. On passe beaucoup plus de temps ensemble.
Jason : Avant, on se parlait toutes les semaines ou aux deux semaines.À part aux congés, on se voyait juste de temps en temps.
Brad : Et maintenant on est tout le temps ensemble.