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Vision d’avenir : diriger avec compassion

Jared Stein est toujours au-devant des tendances en matière de leadership. Ces jours-ci, il s’est beaucoup penché sur l’empathie dans le leadership, une notion fort à la mode dans le milieu — et pour cause. Dans l’avenir, toutefois, il entrevoit un monde où la compassion l’emporte sur l’empathie. Il vous présente les nuances de sa réflexion ici.


Lorsque les gens parlent de l’avenir, je pense à nos leaders de demain. En tant que père de trois jeunes garçons, je comprends mieux que jamais à quel point il est important d’impliquer la prochaine génération. Lorsqu’il est question de leadership, on mentionne souvent l’outil puissant qu’est l’« empathie », mais je me demande s’il n’existerait pas quelque chose de plus stimulant et de plus facile à appliquer collectivement. Cette réflexion m’amène aussi à d’autres questions : comment stimuler la prochaine génération pour créer des leaders? Comment leur inculquer les outils qui leur permettront d’aller de l’avant?

Dans une plus large mesure qu’auparavant, nous côtoyons maintenant sur le marché du travail une jeune cohorte provenant des générations Y et Z. Si quelques-uns expriment un certain dédain envers ces groupes, je ne me suis jamais senti aussi plein d’espoir.

En effet, ce sont ces générations qui mènent la charge contre les coupes budgétaires en éducation, qui galvanisent la population dans la lutte contre les changements climatiques et qui se battent pour leur avenir. Ce sont eux qui interviennent. La clé derrière ces gestes, je le crois, n’est pas tant l’empathie que la compassion.Ne vous méprenez pas, l’omniprésence du terme « empathie » dans l’industrie n’est pas sans mérite. L’empathie est bel et bien puissante. Elle est ce qui nous permet de prendre des décisions en tenant compte des autres plutôt que de soi-même. Le terme, toutefois, présente deux limites : premièrement, l’empathie nécessite une énorme expérience de vie. En effet, pour se mettre réellement dans la peau d’un autre, il faut puiser dans une gamme d’expériences émotionnelles et professionnelles que tout le monde ne possède pas, ce qui peut être source de confusion. Deuxièmement, l’empathie ne mène pas nécessairement à l’action. Je peux être empathique à un certain nombre de causes et continuer néanmoins à vivre ma vie sans rien y changer. La compassion implique une réponse active, et la capacité d’agir est le premier pas vers un leadership efficace.

La notion de compassion se distingue par sa simplicité. En tant que parent, j’en suis encore à enseigner à mes enfants la différence entre le bien et le mal. Nous passons beaucoup de temps à parler d’empathie et de sympathie, mais ces idées peuvent être complexes. Il est difficile de tirer parti de sa propre expérience de vie quand on a 4, 8 ou 10 ans (ai-je mentionné que j'avais trois enfants?)… ou même 30 ans. Le plus important pour moi est de donner à mes enfants une boussole morale qui les guidera quand vient le temps d’agir. La compassion est si simple : si je vois quelqu’un en difficulté, j’essaie de l’aider. Il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup d’expérience pour comprendre que l’on peut faire une différence. En outre, dans un milieu de travail, la compassion a des effets énormes.

D’abord, la compassion influence la relation client. Une des valeurs fondamentales chez Sid Lee est la collaboration radicale ; elle s’étend au-delà des murs de nos bureaux et se trouve au cœur de nos relations avec les clients. Traditionnellement, les agences tiennent leurs clients à l’écart du processus créatif jusqu’à ce qu’elles soient prêtes à leur présenter leur travail. La différence avec Sid Lee est que nos clients font partie intégrante de ce processus. Cela exige de la compassion. Vous devez comprendre les besoins et les exigences de ce client en particulier, ainsi que les défis qu’il doit relever tant sur les plans professionnel que personnel. La première question que je leur pose est toujours : « Comment pouvons-nous vous aider à atteindre vos objectifs? »

Les effets de la compassion se manifestent ensuite sur le produit. La vérité pure et simple, c’est que l’on obtient de meilleurs résultats lorsqu’on crée un meilleur engagement, qui lui-même naît d’une rétroaction accrue. Nos clients ne sont pas de petites entreprises de famille. Ce sont généralement de grandes marques avec des réseaux complexes de gestionnaires, de cadres et de conseils d’administration, et tout ce beau monde doit participer au voyage créatif. Quelle meilleure façon de garantir le succès d’une idée que de s’assurer que les gens qui doivent la partager au sein de l’organisation se sentent investis et inspirés à la concrétiser? Et la seule façon d’y parvenir est de collaborer d’une manière où l’on s’écoute les uns les autres et où l’on s’unit pour créer l’excellence.

Enfin, il y a l’avantage que représente la compassion en milieu de travail, ce qui, en tant que leader, me tient particulièrement à cœur. C’est une donnée essentielle pour attirer les employés, mais aussi pour les garder. En tant qu’employé, si je ne me sens pas engagé, stimulé et entendu, je ne vois pas l’intérêt d’être là. Chacun a un point de vue et une perspective qui comptent. Lorsque l’on fait comprendre aux employés que leur voix peut façonner de grandes idées et avoir un impact énorme sur les économies et la société dans son ensemble, on obtient une main-d’œuvre engagée. Et c’est à ce moment-là que les idées circulent et que nous commençons à nous épanouir en tant que collaborateurs radicaux.

Bref, l’avenir du leadership repose sur une approche empreinte de compassion. Il s’agit de fournir à ces futurs leaders une « boussole de leadership » qui soit facile à comprendre. Il s’agit de leur donner les moyens de voir que les solutions aux défis de leurs clients sont plus étroitement liées à leur disponibilité et à leur accessibilité. Je pense qu’il est temps de sonner le glas des jours où les dirigeants se cachaient dans leur bureau — il faut être présents et travailler côte à côte avec les gens. Telle est, pour moi, la définition de la compassion. On est tous dans le même bateau. On mène tous le même combat.